Open Access
Issue
Med Sci (Paris)
Volume 41, Number 5, Mai 2025
Enjeux et objectifs de la psychiatrie de précision
Page(s) 469 - 476
Section La psychiatrie de précision (PEPR PROPSY) : hypothèses et outils
DOI https://doi.org/10.1051/medsci/2025070
Published online 26 May 2025

© 2025 médecine/sciences – Inserm

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Définition et arguments transdiagnostiques

Les particularités sensorielles, ou altérations de la perception sensorielle, sont caractéristiques de plusieurs troubles neurodéveloppementaux et psychiatriques, en particulier des troubles du spectre de l’autisme [14] (), des troubles du spectre de la schizophrénie [5,6], ou des troubles de l’humeur, en lien étroit avec des symptômes, par exemple le retrait social [7,8]. Elles concernent en réalité la majorité des individus touchés par des problèmes de santé mentale et sont également observées dans d’autres conditions neurodéveloppementales comme le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité [9]. Néanmoins, elles sont encore insuffisamment documentées dans des troubles psychiatriques tels que les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou les troubles de stress post-traumatiques [10] .

(→) Voir m/s n° 2, 2021, page 141

Actuellement, les anomalies sensorielles ne sont plus considérées comme des symptômes périphériques de ces troubles, mais sont associées aux symptômes cardinaux cliniques, au moins dans les troubles du spectre de l’autisme pour lesquels elles ont été intégrées aux critères diagnostiques des classifications internationales récentes. Non seulement les atypicités sensorielles figurent parmi les symptômes les plus précoces dans l’autisme, mais elles prédisent les niveaux d’altération de la communication sociale et des comportements répétitifs à l’âge adulte [14]. Elles ont également été associées aux divers mécanismes neurobiologiques sous-jacents et à leurs corrélats en termes de connectivité cérébrale [1]. Dans les troubles schizophréniques, de nombreux auteurs proposent aussi une nouvelle lecture de ces particularités au regard des symptômes cardinaux positifs et négatifs définissant le trouble. Les altérations sensorielles apparaissent à présent comme étant centrales à la physiopathologie des troubles, affectant précocement la manière dont les patients perçoivent le monde et interagissent avec celui-ci. Cette approche intégrée et transdiagnostique1 permet ainsi de mieux comprendre l’impact global des troubles du spectre de l’autisme, des troubles du spectre de la schizophrénie ou des troubles de l’humeur sur l’expérience sensorielle et cognitive d’un individu et inversement.

Les altérations sensorielles peuvent toucher les différents canaux sensoriels : auditifs, olfactifs, tactiles, visuels, proprioceptifs2 et vestibulaires3, sans que l’on puisse définir de « signature » des troubles, chaque individu possédant un profil sensoriel dysfonctionnel qui lui est propre.

L’étude des particularités sensorielles dans ces différentes conditions a également gagné en importance en raison de l’impact profond que ces difficultés ont sur la vie quotidienne des personnes, car elles influencent divers domaines du fonctionnement individuel, dont les interactions sociales, la communication, la régulation comportementale et émotionnelle, mais aussi les comportements adaptatifs. Chez les personnes autistes, les altérations sensorielles influencent les compétences sociales, rendant difficile l’interprétation des indices sociaux et exacerbant le retrait social. Une hypersensibilité sensorielle est également associée à des comportements problématiques et à des crises d’anxiété dues à des environnements surchargés, affectant la régulation émotionnelle et les capacités d’adaptation. Ces difficultés ont des répercussions sur l’attention, la performance cognitive et la gestion des routines quotidiennes, rendant les transitions complexes [1,10,11]. Dans la schizophrénie, les anomalies sensorielles touchent principalement les systèmes auditif et visuel. Des perturbations dans le traitement précoce des informations dans ces deux canaux pourraient, au moins en partie, être responsables des expériences perceptuelles altérées, se manifestant sous forme d’hallucinations. L’incapacité du cerveau à traiter avec précision les entrées sensorielles contribue directement à la formation d’expériences hallucinatoires [6]. Ces dysfonctionnements sensoriels révèlent des troubles neuronaux sous-jacents et exacerbent les symptômes négatifs tels que l’apathie et le retrait social, similaires aux difficultés observées dans l’autisme [5,6].

Les troubles sensoriels sont également documentés dans les troubles de l’humeur et se manifestent par des altérations de la perception auditive [12], olfactive [13], visuelle [14,15], gustative [16], ou encore intéroceptive4 et de la douleur [8,17]. Des troubles sensoriels sont aussi présents dans les phases euthymiques5 chez les personnes bipolaires, suggérant qu’il pourrait s’agir d’un marqueur « trait » [16]. Ces altérations de la sensibilité participent à rendre les environnements quotidiens accablants, et amplifient l’anxiété, l’irritabilité et l’évitement social, augmentant ainsi la sévérité des symptômes dépressifs. Les connexions neuroanatomiques entre les systèmes sensoriels et émotionnels expliquent ces interactions [16,18]. Plusieurs résultats suggèrent que certains traitements, comme les antidépresseurs ou les thymorégulateurs pourraient avoir un impact sur les troubles de la perception [18,19]. Ces résultats récents mettent en évidence l’importance de considérer les particularités sensorielles dans l’évaluation et le traitement des troubles affectifs, car elles peuvent jouer un rôle clé dans la manifestation des symptômes et l’efficacité des interventions thérapeutiques [7].

La dimension sensorielle dans les études précliniques

Les modèles animaux, qu’ils soient fondés sur des manipulations génétiques ou environnementales, constituent des outils essentiels pour l’étude des mécanismes neurobiologiques sous-jacents aux troubles psychiatriques et neurodéveloppementaux. Ils offrent également une plateforme précieuse pour évaluer l’efficacité de molécules thérapeutiques potentielles. L’intérêt pour ces modèles s’est considérablement accru avec l’identification de déséquilibres neurochimiques communs à plusieurs pathologies psychiatriques, notamment dans la signalisation du glutamate et du GABA6, deux neurotransmetteurs jouant un rôle central dans la modulation de la réactivité sensorielle. Ces altérations sont particulièrement bien documentées dans l’autisme [2022] (), la schizophrénie [23] et les troubles de l’humeur [24]. Une hyperactivité glutamatergique, par exemple, peut augmenter l’activité synaptique et la transmission neuronale, contribuant à un défaut de filtrage et à une perception altérée des stimulus. À l’inverse, une hypoactivité de cette signalisation peut réduire la capacité du cerveau à traiter et interpréter les informations sensorielles de manière précise, affectant des domaines variés tels que l’audition, la vision ou le toucher. L’excitabilité neuronale ne se traduit pas directement dans l’hypersensibilité sensorielle.

(→) Voir m/s n° 3, 2019, page 236

Les neurones GABAergiques modulent les circuits inhibiteurs nécessaires à l’équilibre excitation/inhibition, un déséquilibre souvent identifié dans ces pathologies, même s’il est à présent admis que l’équilibre glutamate-GABA n’est pas le seul mécanisme de changement de l’équilibre excitation-inhibition. Ils jouent un rôle clé dans des fonctions spécifiques comme l’olfaction, qui est altérée dans des cas tels que la dépression [13].

Dans l’autisme, les modèles non génétiques, tels que l’exposition prénatale au valproate de sodium, permettent de reproduire les caractéristiques comportementales de ces troubles, notamment des interactions sociales limitées, des comportements répétitifs et une hypersensibilité sensorielle marquée. Les études montrent que ces rongeurs présentent des anomalies auditives significatives, incluant une désorganisation de la carte tonotopique (l’organisation des neurones permettant la discrimination des sons et de leurs tonalités) dans le cortex auditif primaire et une activation anormale des structures sous-corticales, comme le tronc cérébral. Une étude récente, réalisée dans ce modèle, a révélé des dysfonctionnements au niveau des récepteurs GABA-A7, avec une réduction marquée de leur expression dans des régions cérébrales critiques telles que le cortex préfrontal et l’hippocampe, des zones impliquées dans la modulation sensorielle et les fonctions sociales [25]. L’exposition à la thalidomide, bien que moins étudiée, génère des perturbations similaires, entraînant une suractivation des circuits auditifs et des altérations des cartes tonotopiques [26].

Les modèles génétiques de l’autisme fournissent des informations complémentaires [27]. Par exemple, le modèle murin d’inactivation du gène Fmr1 (fragile X messenger ribonucleoprotein 1), fréquemment utilisé, met en évidence des altérations des réseaux d’excitation/inhibition et une hypersensibilité acoustique dans le cortex auditif, reflétant les particularités sensorielles associées aux troubles du spectre de l’autisme. Les mutations du gène Shank3 (SH3 and multiple ankyrin repeat domains 3), un autre modèle génétique important, sont liées à des déficits sociaux et à des comportements répétitifs, mais également à des hypersensibilités sensorielles spécifiques, telles qu’une discrimination accrue des hauteurs sonores et des comportements d’évitement auditif. Chez ces animaux, des anomalies des réponses corticales et des délais dans le traitement des sons sont également observés. Le modèle d’inactivation du gène Cntnap2 (contactin-associated protein-like 2) est particulièrement pertinent pour étudier les troubles du langage associés aux troubles du spectre de l’autisme. Il révèle des altérations du traitement temporel des sons, accompagnées de modifications du corps géniculé médian8 et de latences de réponse auditive du tronc cérébral prolongées, indiquant des déficits du traitement auditif central. De même, le modèle d’inactivation du gène Pten (phosphatase and tensin homolog), associé à des caractéristiques telles que la macrocéphalie, présente des anomalies synaptiques et une densité accrue des épines dendritiques dans le cortex auditif, reflétant des perturbations dans la connectivité neuronale. Enfin, le modèle Mecp2 (méthyl-CpG-binding protein 2), lié au syndrome de Rett9, met en évidence des sensibilités auditives augmentées, avec des réponses amplifiées mais retardées aux stimulus sonores, illustrant les altérations complexes de la modulation sensorielle dans ce syndrome.

Comme on peut le voir, les altérations auditives ont été particulièrement bien documentées et semblent influencer les comportements répétitifs et la communication sociale, les deux dimensions cardinales des troubles du spectre de l’autisme dans les différents modèles animaux [27]. Les altérations tactiles font aussi l’objet de plusieurs travaux dans l’autisme [28]. Dans la schizophrénie, les modèles animaux mettent en lumière des anomalies du filtrage sensoriel, souvent évaluées par des déficits de l’inhibition sensorimotrice, mesurée via l’inhibition de prépulse10. Cette mesure, fréquemment réduite chez les sujets souffrant de schizophrénie, est un indicateur fonctionnel clé des troubles du traitement sensoriel. Des modèles pharmacologiques, comme l’administration d’antagonistes des récepteurs du N-méthyl-D-aspartate (NMDA), reproduisent des anomalies similaires à celles observées chez des patients atteints de schizophrénie, incluant des hallucinations auditives et des troubles visuels [29]. Les modèles génétiques, tels que les souris chez lesquelles le gène DISC1 (disrupted in schizophrenia 1) est inactivé, révèlent des altérations structurales et fonctionnelles dans des régions impliquées dans le traitement sensoriel, notamment le cortex auditif et visuel [30]. Les modèles « double coup » (double-hit), combinant des facteurs de risque génétiques et environnementaux (comme l’activation immunitaire maternelle11 ou l’isolement social post-sevrage), reproduisent des déficits similaires. Par exemple, l’administration de Poly(I:C) à des souris DISC1 amplifie les déficits de l’inhibition de prépulse et altère les circuits cortico-striés [31]. Ces études montrent que les troubles sensoriels dans la schizophrénie, notamment auditifs et visuels, sont liés à des perturbations des circuits corticaux et sous-corticaux, tels que le tronc cérébral et le cortex sensoriel. Dans les troubles de l’humeur, incluant le trouble bipolaire et la dépression, les déficits de l’inhibition de prépulse ont également été documentés. Les anomalies sensorielles influencent directement l’humeur et le comportement, comme le montrent des modèles animaux intégrant des altérations olfactives. L’ablation des bulbes olfactifs, par exemple, reproduit des symptômes tels que le désespoir comportemental, les troubles du sommeil et l’hyperactivité de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA), fournissant un cadre robuste pour étudier la dépression [32].

L’exposition à des odeurs aversives ou stressantes, ainsi que des modèles génétiques altérant l’olfaction, permettent d’explorer les corrélations entre déficits sensoriels et perturbations émotionnelles. De plus, des études sur des souris trisomiques, qui, comme les patients, présentent une déficience de l’olfaction, montrent que le lithium restaure la neurogenèse du bulbe olfactif et les performances olfactives [33].

Ces modèles, qu’ils concernent l’autisme, la schizophrénie ou les troubles de l’humeur, montrent que les anomalies sensorielles, qu’elles soient auditives, tactiles ou olfactives, jouent un rôle crucial dans les symptômes centraux de ces pathologies. Ils mettent en évidence des mécanismes convergents, tels que le déséquilibre excitation/inhibition ou les altérations des circuits corticaux et sous-corticaux. L’intégration de ces dimensions dans la recherche préclinique ouvre la voie à des approches thérapeutiques innovantes, visant à améliorer la perception sensorielle et les interactions sociales, avec des perspectives prometteuses pour des traitements ciblés et transposables aux êtres humains (Figure 1).

thumbnail Figure 1

Approche translationnelle de la recherche appliquée à la dimension sensorielle. Aussi bien chez l’animal que chez l’être humain, les modèles d’anomalies sensorielles convergent vers des perturbations de l’équilibre entre voies glutamatergiques excitatrices et GABAergiques inhibitrices, à l’origine d’une dysconnectivité cérébrale. Celle-ci pourrait être ciblée par des traitements médicamenteux ou par stimulation magnétique transcrânienne.

Intérêt des particularités sensorielles comme potentiels marqueurs biologiques dans la schizophrénie, l’autisme et les troubles de l’humeur

De nombreux résultats, mesurés par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) en réponse à des stimulus visuels, somatosensoriels et auditifs variés, mettent en évidence des anomalies dans les activations corticales sensorielles dans l’autisme et la schizophrénie. Dans le cas de l’autisme, des études ont montré une sous-connectivité entre le cortex préfrontal et les régions cérébrales impliquées à différents niveaux du traitement des stimulus sensoriels [34]. Par exemple, des anomalies fonctionnelles d’activation du cortex sensoriel primaire et du thalamus [35], ainsi que dans le système de modulation sensorielle, dont fait partie le cortex préfrontal [36], ont été rapportées. Des recherches en spectroscopie par résonance magnétique ont révélé des déséquilibres dans les niveaux de glutamate et de GABA dans le cortex sensoriel, suggérant que l’excitation et l’inhibition neuronales jouent un rôle clé dans les particularités sensorielles observées. Ces déséquilibres sont également associés à des différences de connectivité cérébrale, ce qui suggère que les altérations sensorielles pourraient servir de biomarqueurs pour identifier des sousgroupes de patients autistes présentant des profils neurobiologiques spécifiques [1]. Les recherches utilisant des techniques d’imagerie cérébrale (électroencéphalographie ou magnétoencéphalographie) révèlent que, chez les personnes atteintes de troubles du spectre de l‘autisme, les ondes cérébrales de haute fréquence (gamma, autour de 40 Hz) présentent une coordination réduite entre les zones cérébrales proches lors du traitement des informations visuelles ou auditives. Cela suggère une difficulté à intégrer correctement les perceptions sensorielles. De même, à l’état de repos, la cohérence (8-10 Hz) s’avère réduite au sein des régions frontales, et entre celles-ci et les régions postérieures, suggérant une faible connectivité fonctionnelle du lobe frontal avec le reste du cortex, en accord avec la théorie de la sous-connectivité [37]. L’étude récente de Khan et al. (2016) fournit des résultats importants justifiant l’intérêt d’étudier les troubles sensoriels pour identifier des signatures neuronales dans l’autisme. Les réponses corticales aux stimulus vibrotactiles chez les individus atteints de troubles du spectre de l’autisme ont montré une connectivité fonctionnelle accrue dans la voie feedforward (direction ascendante), du cortex somatosensoriel primaire vers le cortex somatosensoriel secondaire. Les anomalies observées ont été fortement corrélées aux scores comportementaux de perception tactile. Dans cette étude, une analyse discriminante linéaire basée sur ces mesures a permis une classification précise des participants autistes et neurotypiques, avec une précision allant jusqu’à 91,6 %, démontrant le potentiel de ces signatures en tant que biomarqueurs. Ces résultats mettent en lumière le rôle des troubles sensoriels comme une fenêtre clé pour comprendre les bases neurobiologiques de l’autisme. En reliant des observations comportementales à des mesures neurophysiologiques objectives, ces travaux ouvrent la voie à des approches translationnelles entre modèles animaux et études cliniques, facilitant le développement d’interventions ciblées [30]. De nombreuses études utilisant l’électroencéphalographie ont également révélé des anomalies spécifiques dans les réponses auditives précoces, telles que la réduction des amplitudes des ondes P50 et N10012, reflétant un filtrage pré-attentionnel de l’information sensorielle, qui sont corrélées aux hallucinations auditives dans la schizophrénie [38].

Dans les troubles de l’humeur, les anomalies sensorielles ont été associées à des dysfonctionnements dans les circuits neuronaux régulant les émotions et le traitement sensoriel. À l’électroencéphalographie, des anomalies des ondes P50 et N100 ont été observées et corrélées à des signes cliniques comme la sévérité de la dépression, le désespoir et des comportements dysfonctionnels [12]. Des études d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle montrent également que les patients souffrant d’un épisode dépressif caractérisé et ne recevant pas de médicaments présentent une activation réduite de l’insula par rapport aux témoins sains [6]. Des signaux plus faibles de l’insula pendant l’attention intéroceptive sont également associés à des symptômes somatiques plus importants dans l’épisode dépressif caractérisé [38]. De même, chez des patients souffrant de troubles bipolaires, une réduction de l’activation liée au stimulus dans le cortex visuel est observée en imagerie par résonance magnétique par comparaison avec les témoins sains [39]. Enfin, il est possible de considérer l’électrorétinogramme (ERG) comme un outil potentiel pour le suivi et le diagnostic des troubles de l’humeur en prenant en compte l’analyse fonctionnelle des neurones rétiniens comme un marqueur potentiel de la dégénérescence neuronale [40]. L’utilisation du traitement du signal et de l’apprentissage automatique appliqués aux données d’électrorétinogramme améliore l’extraction des marqueurs rétiniens, fournissant ainsi des marqueurs électrophysiologiques rétiniens robustes, reproductibles et fiables pour identifier les biosignatures en psychiatrie de précision [41]. Dans une étude publiée en 2021, Cosker et al. ont montré que les patients atteints d’épisode dépressif caractérisé présentent des anomalies dans la fonction du système des cônes dans la rétine centrale, et des dysfonctionnements dans les photorécepteurs et les cellules bipolaires lors de l’enregistrement de la fonction rétinienne globale par électrorétinogramme par rapport à des sujets contrôles [42].

Les anomalies sensorielles observées dans l’autisme, la schizophrénie et la dépression représentent une opportunité pour l’identification de biomarqueurs sanguins, bien que cette approche reste encore sous-explorée. Parmi les candidats prometteurs figurent les cytokines pro-inflammatoires, telles que l’interleukine 6 (IL-6), et les facteurs de plasticité neuronale comme le BDNF (brain-derived neurotrophic factor), déjà largement impliqués dans ces troubles. Si les liens spécifiques entre ces biomarqueurs et les anomalies sensorielles sont rares, des observations suggèrent que des taux élevés d’IL-6 sérique sont associés à des altérations cognitives et sensorielles, notamment dans la schizophrénie et l’autisme. Par exemple, une augmentation d’IL-6 dans le liquide céphalorachidien a été rapportée dans certains sous-types de schizophrénie, soutenant l’hypothèse d’une contribution inflammatoire aux dysfonctionnements sensoriels [43]. De plus, l’IL-6, via l’activation microgliale et la libération de médiateurs inflammatoires, est impliquée dans les troubles de filtrage sensoriel, comme démontré par des anomalies de l’inhibition de prépulse dans des modèles animaux et cliniques, souvent associées à des perturbations glutamatergiques et à un stress oxydatif accru [43].

En parallèle, d’autres biomarqueurs sensoriels, tels que la sensibilité gustative au sel, sont étudiés. Cette dernière, reliée au système rénine-angiotensine-aldostérone et à ses récepteurs (angiotensine et minéralocorticoïdes), est impliquée dans la régulation des troubles du système nerveux central, notamment la dépression, et dans la réponse aux traitements antidépresseurs [44]. Bien que ces biomarqueurs émergents présentent un potentiel important, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier leurs liens avec les anomalies sensorielles et leur applicabilité clinique.

Perspectives d’innovations thérapeutiques basées sur la dimension sensorielle dans la schizophrénie, l’autisme et les troubles de l’humeur

Les avancées récentes dans la compréhension des dimensions sensorielles de la schizophrénie, de l’autisme et des troubles de l’humeur ouvrent des perspectives prometteuses pour le développement de thérapies innovantes. Elles ont conduit à l’exploration de traitements pharmacologiques ciblant spécifiquement ces dysfonctionnements sensoriels. Par exemple, dans une étude sur des souris Fmr1(-/y), un modèle murin du syndrome de l’X fragile, il a été observé que le néocortex somatosensoriel primaire était hyperexcité en réponse à une stimulation tactile. En combinant des techniques d’électrophysiologie dendritique13, d’imagerie calcique, de pharmacologie, de biochimie, et de modélisation informatique, les chercheurs ont mis en évidence une réduction et un dysfonctionnement des canaux dendritiques h- et BKCa14 comme causes probables de ces troubles. En ciblant pharmacologiquement les canaux BKCa, ils sont parvenus à corriger plusieurs phénomènes d’hyperexcitabilité. Ces résultats montrent que les activateurs des canaux BKCa pourraient être une piste thérapeutique prometteuse pour traiter l’hypersensibilité sensorielle associée au modèle murin du syndrome du X fragile et, potentiellement, aux troubles du spectre de l’autisme [25].

Dans la dépression, des auteurs [18] ont cherché à identifier une signature neurobiologique de la réponse au traitement antidépresseur (sertraline versus placebo). Pour cela, ils ont conçu un algorithme d’apprentissage automatique pour l’électroencéphalographie à l’état de repos et l’ont appliqué aux données sur la réponse aux antidépresseurs couplée à l’imagerie et contrôlée par placebo (n = 309). Cette réponse était évaluée en utilisant simultanément la stimulation magnétique transcrânienne et l’électroencéphalographie. En d’autres termes, l’électroencéphalogramme au repos des patients sous sertraline donnait des indications sur la façon dont leur cortex préfrontal réagissait lorsqu’il était soumis à une stimulation magnétique transcrânienne. Cette approche, combinant la stimulation magnétique transcrânienne et électroencéphalogramme, permet d’étudier l’excitabilité et la connectivité des circuits neuronaux dans le cerveau. [18]. L’intérêt de l’électrorétinogramme dans l’étude des traitements antidépresseurs dans l’épisode dépressif caractérisé a aussi été suggéré [15,41]. Une étude a montré que les patients répondant au traitement par la duloxétine, un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la norépinéphrine, présentaient des modifications spécifiques de l’électrorétinogramme flash (fERG) par rapport aux patients ne répondant pas au traitement [45]. Enfin, chez des patients souffrant de troubles bipolaires et traités au lithium, la régulation à la baisse de l’expression du gène CRMP1 (collapsin response mediator protein 1), s’est avérée être le meilleur indicateur de la réduction des symptômes maniaques et dépressifs [19]. CRMP1 est une protéine essentielle dans la signalisation de la sémaphorine-3A au cours du neurodéveloppement, qui intervient dans le mécanisme moléculaire de l’action du lithium et dans la physiopathologie du trouble bipolaire.

Pour finir, des interventions non pharmacologiques, telles que la stimulation magnétique transcrânienne, sont en cours d’évaluation pour leur capacité à moduler l’excitabilité corticale et améliorer les fonctions sensorielles et cognitives chez les sujets atteints de schizophrénie ou de troubles du spectre de l’autisme [46,47]. Ces approches visent à restaurer une connectivité fonctionnelle optimale entre les régions cérébrales impliquées, contribuant ainsi à atténuer les symptômes associés.

Conclusions : la sensorialité comme outils de mesures dans la cohorte French Minds

Le projet autour de la cohorte French Minds du PEPR PROPSY, dédiée à l’étude de la schizophrénie, de l’autisme et des troubles de l’humeur, souligne l’importance de la dimension sensorielle comme un critère de mesure essentiel. L’intégration de ces particularités sensorielles dans les évaluations cliniques permet de quantifier précisément les altérations perceptuelles, qui sont des aspects centraux et transdiagnostiques de ces troubles. La cohorte French Minds utilise des évaluations standardisées (questionnaire de sensibilité sensorielle de Glasgow) [48] pour identifier des profils sensoriels spécifiques. Ces informations faciliteront l’établissement de liens entre les variations individuelles de sensibilité sensorielle et divers facteurs, notamment : les niveaux d’anxiété, le degré de stress, la capacité de régulation émotionnelle, les traitements médicamenteux en cours, l’existence de comorbidités, et la charge développementale15 identifiée pour chaque individu.

Les études d’imagerie cérébrale qui seront menées au sein de cette cohorte permettront de corréler la connectivité fonctionnelle dans le cortex sensoriel primaire, dans les aires auditives et dans les régions associatives qui pourront servir de biomarqueurs pour sous-catégoriser les individus. De la même manière, les études ancillaires s’appuyant sur des paradigmes d’électroencéphalogramme pour évaluer l’inhibition sensorielle à travers les réponses P50 et N100, qui sont des indicateurs de la capacité du cerveau à filtrer les informations non pertinentes, pourront aussi permettre une stratification objective et « physiologique ». Ces mesures révèlent par exemple, des déficits de suppression sensorielle chez les personnes atteintes de schizophrénie, associés aux symptômes positifs tels que les hallucinations auditives.

Le projet d’étude de la cohorte French Minds, en incorporant des outils de mesure sensorielle cliniques mais aussi l’imagerie par résonance magnétique, ou l’électroencéphalographie, offre ainsi une perspective intégrée qui combine les aspects subjectifs et objectifs des particularités sensorielles. Ces outils permettront non seulement d’évaluer avec précision les déficits sensoriels mais aussi d’établir des corrélations avec les autres marqueurs neurobiologiques, les dimensions pertinentes dont la fatigue, le manque de flexibilité cognitive et les profils symptomatiques. Cela ouvre des perspectives pour mieux comprendre comment ces anomalies influencent les comportements et les émotions, facilitant ainsi la mise en place d’interventions ciblées.

Par ailleurs, un des défis majeurs pour faire progresser notre compréhension des altérations sensorielles dans les troubles de santé mentale réside dans le manque de cohérence entre les approches de recherche utilisées dans les études cliniques humaines et les modèles animaux précliniques [49] ().

(→) Voir m/s n° 10, 2004, page 939

Ce défi a été mis en évidence dans le rapport du congrès SFARI (initiative de recherche sur l’autisme de la Fondation Simons) de 2018 [50], qui a souligné que des méthodologies incohérentes et des paradigmes de recherche divergents créent des barrières au transfert des découvertes issues des modèles animaux à la pratique clinique humaine. Le rapport insiste sur la nécessité d’une meilleure coordination et intégration entre les recherches cliniques et précliniques pour découvrir les mécanismes sous-jacents aux anomalies du traitement sensoriel dans les troubles du spectre de l’autisme, ce qui pourrait également fournir des éclairages sur des mécanismes similaires dans les troubles schizophréniques et d’autres troubles de santé mentale, facilitant finalement le développement d’interventions thérapeutiques plus efficaces et ciblées dans un large éventail de conditions neuropsychiatriques. La conception du PEPR PROPSY permet la coordination entre recherche préclinique et clinique, grâce à la constitution de la cohorte de patients French Minds. Cette stratégie permet de s’appuyer sur des dimensions cliniques pertinentes, identifiées grâce à l’évaluation exhaustive des patients de la cohorte, et d’harmoniser les paradigmes entre l’être humain et l’animal facilitant ainsi la transposition des résultats de l’animal vers l’homme et inversement.

La dimension sensorielle, quantifiée par ces méthodologies robustes, se révèle être un axe essentiel pour une meilleure stratification des patients et pour la médecine de précision. En intégrant ces particularités sensorielles dans les analyses cliniques et neurobiologiques, l’étude de la cohorte French Minds contribue à une compréhension holistique des troubles neurodéveloppementaux et psychiatriques, offrant des pistes prometteuses pour un suivi individualisé et des interventions thérapeutiques plus adaptées.

Remerciements

Ce travail a bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre de France 2030 portant la référence ANR-22-EXPR-0013 (France 2030).

Liens d’intérêt

Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article


1

L’approche transdiagnostique considère que les processus psychologiques responsables des troubles psychologiques sont communs à plusieurs troubles d’apparence très différents (ndlr).

2

La proprioception est la capacité d’une personne à percevoir la place de son corps dans l’espace, sans avoir recours à la vue (ndlr).

3

Le système vestibulaire est un organe sensoriel situé dans l’oreille interne qui contribue à la sensation de mouvement et à l’équilibre chez la plupart des mammifères (ndlr).

4

L’intéroception est la capacité à percevoir et à évaluer les signaux internes de notre corps, tels que le rythme cardiaque ou la faim (ndlr).

5

Il s’agit de la phase où l’humeur de la personne bipolaire tend vers la normale (ndlr).

6

Le glutamate est le principal neurotransmetteur excitateur du système nerveux central. C’est aussi le précurseur de l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), qui est le principal neurotransmetteur inhibiteur (ndlr).

7

Les récepteurs GABA de type A, sont des canaux ioniques des membranes des neurones qui sont activés par l’acide gamma-aminobutyrique (GABA).

8

Le corps géniculé médian est une structure du thalamus impliquée dans l’intégration et la transmission des informations auditives. Il sert de relais entre le colliculus inférieur et le cortex auditif.

9

Le syndrome de Rett est une maladie génétique rare touchant exclusivement les filles, qui entraîne des handicaps mentaux et moteurs sévères (ndlr).

10

L’inhibition de prépulse (PPI) est un phénomène neurologique où un stimulus faible (prépulse) réduit la réponse à un stimulus fort (pulse) (ndlr).

11

L’activation immunitaire maternelle est un phénomène où le système immunitaire de la mère est stimulé, souvent en réponse à une infection ou à d’autres facteurs inflammatoires, pendant la grossesse. Cette activation peut avoir des conséquences significatives sur le développement du fœtus (ndlr).

12

Les ondes P50 et N100 sont des composantes des potentiels évoqués, qui sont des réponses électriques du cerveau à des stimulus spécifiques. Ces ondes sont mesurées à l’aide de l’électroencéphalographie. L’onde P50 est une réponse évoquée précoce qui apparaît environ 50 millisecondes après la présentation d’un stimulus auditif. L’onde N100 est une composante négative des potentiels évoqués qui apparaît environ 100 millisecondes après un stimulus (ndlr).

13

Les techniques d’électrophysiologie dendritique permettent d’enregistrer les signaux électriques des neurones au niveau des dendrites (ndlr).

14

Les canaux dendritiques h-sont des canaux potassiques à deux pores, indépendants du voltage, qui maintiennent le potentiel de repos, tandis que les canaux BKCa sont des canaux potassiques de grande conductance, activés par la dépolarisation et l’entrée de calcium, jouant un rôle dans la régulation de la transmission synaptique (ndlr).

15

La charge développementale désigne les expériences spécifiques que l’enfant doit vivre pour répondre à ses besoins développementaux, nécessitant une adaptation du contexte institutionnel, relationnel ou psychothérapeutique pour favoriser son développement (ndlr).

Références

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Liste des figures

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Approche translationnelle de la recherche appliquée à la dimension sensorielle. Aussi bien chez l’animal que chez l’être humain, les modèles d’anomalies sensorielles convergent vers des perturbations de l’équilibre entre voies glutamatergiques excitatrices et GABAergiques inhibitrices, à l’origine d’une dysconnectivité cérébrale. Celle-ci pourrait être ciblée par des traitements médicamenteux ou par stimulation magnétique transcrânienne.

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