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Med Sci (Paris)
Volume 37, Decembre 2021
À Axel Kahn, pour ce qu’il fut
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Page(s) | 31 - 31 | |
Section | Axel, l’homme de sciences et de communication | |
DOI | https://doi.org/10.1051/medsci/2021224 | |
Published online | 13 December 2021 |
Axel Kahn, une personnalité hors du commun
Je crois que je ne peux mieux évoquer la mémoire d’Axel Kahn qu’en rappelant ce qu’on disait de lui dans les milieux syndicaux de l’Inserm vers la fin des années soixante : Axel, c’est Axel ! En d’autres termes : une personnalité absolument hors du commun. C’est à cette époque lointaine que j’avais fait sa connaissance. J’avais, jeune chercheur, étroitement contribué, avec Colette Dreyfus, Dominique Labie et Claire Hatzfeld, à la création de la branche Inserm du Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS), Axel y avait adhéré avec la fougue d’un jeune militant et déjà sa profonde originalité.
Lui-même brillant chercheur, animateur remarquable de ses équipes, il a joué, on le sait, un rôle éminent dans le développement de la recherche génétique à l’hôpital Cochin et, plus généralement, en France et dans le monde. Il avait notamment, mieux que quiconque, compris l’importance essentielle du rapprochement du laboratoire, de la clinique et de l’enseignement supérieur. Aussi a-t-il été l’un des premiers à créer et à diriger un « institut fédératif de recherche », le type de structure que j’avais proposé à cette fin aux partenaires hospitaliers et universitaires de l’Inserm et que j’avais mis en place malgré les réticences du gouvernement de l’époque. Ce qui devait, quelques années plus tard, le conduire, toujours chercheur statutaire, jusqu’à la présidence d’une des grandes universités parisiennes, la prestigieuse université Paris-Descartes.
Axel a été un membre particulièrement actif du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé, le CCNE, dont j’avais rédigé les statuts en 1982. Nous avions inévitablement des divergences de vues sur la façon de gérer les questions d’éthique soulevées par les progrès de la connaissance en la matière. Je crois savoir qu’il n’avait notamment pas du tout apprécié que je désapprouve l’évolution du CCNE au fil du temps, passant d’un rôle d’informateur de la société à celui de conseiller du gouvernement. Mais cela ne pouvait évidemment pas remettre en question nos relations de grande estime réciproque.
Comment s’étonner qu’Axel Kahn, cet homme de pensée et d’action, se soit si fortement impliqué dans l’une des entreprises communes de l’Inserm et de ses partenaires du Québec : le développement, dès 1985, d’un support écrit de synthèse et de diffusion des connaissances de haut niveau acquises dans les sciences de la vie et de la santé, et ceci dans une langue s’y prêtant parfaitement, le français ? Ce fut l’une des chances de la revue médecine/sciences que d’avoir eu, pendant tant d’années, Axel Kahn comme rédacteur-en-chef. Et le temps semble bien montrer que le pari du lancement de cette revue francophone était heureux puisque son écho, sous ses diverses formes d’expression, ne fait aujourd’hui que grandir.
Axel Kahn était une illustration parfaite du double sens du qualificatif sapiens attribué à notre espèce : savoir et sagesse. Un éclatant modèle. C’est ce que j’ai voulu lui dire dans le dernier message que je lui ai envoyé le 24 mai dernier, six semaines avant sa mort. « Axel, c’est Axel, disait-on de toi, cher Axel, il y a bien longtemps au SNCS. Cela reste vrai aujourd’hui : tu es un être d’exception dont je suis heureux d’avoir bénéficié de l’amitié. Tu as tant apporté, à tous points de vue, que tu as le droit de regarder la mort avec sérénité et un indomptable courage. Ceux qui ont pour toi estime et affection ne sont pas, eux, sereins. Ils sont durement éprouvés par la perspective de ta disparition en tant qu’être vivant. Mais ce que j’appelle ton âme, cette parcelle matérielle de chacun d’eux qui s’appelle Axel, demeurera en eux tant qu’il leur restera un souffle de vie. Tu continueras à être en eux et par eux. De cœur avec toi. »
Philippe
Philippe Lazar et Hubert Curien (ministre de la Recherche et de la Technologie), au lancement de m/s.
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