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Issue
Med Sci (Paris)
Volume 23, Octobre 2007
Le cancer du sujet âgé : le dilemme du vieillissement
Page(s) 26 - 28
Section M/S revues
DOI https://doi.org/10.1051/medsci/2007233s26
Published online 15 October 2007

© 2007 médecine/sciences - Inserm / SRMS

L’espérance de vie a augmenté de 10 ans au cours du dernier siècle. Le sens du terme « personne âgée » a évolué de manière significative dans la deuxième moitié du siècle dernier. Le concept de « personne âgée » dépend également du contexte. À présent, un patient âgé atteint de cancer a 70 ans. D’un autre côté, les médecins gériatres considèrent comme âgés les patients de 80 ans. Il existe également des différences entre les pays. Nous pouvons également examiner le concept de la personne âgée d’un point de vue économique ou professionnel.

La distribution par âge d’une population est le déterminant le plus important de la maladie. Les populations européennes sont vieillissantes. Entre 1990 et 2005, le nombre de personnes âgées a augmenté de 5 % en Italie, en Allemagne et dans d’autres pays (Figure 1). L’espérance de vie a également augmenté d’environ cinq ans depuis 1980. Une personne âgée de 65 ans au Japon ou aux États-Unis a encore 15 ans à vivre. Cela a des implications énormes sur notre approche du cancer. Dans les pays les plus pauvres, tels que l’Ouganda ou l’Inde, Il est plus rare de voir un cancer chez une personne âgée que chez un enfant.

thumbnail Figure 1.

Proportion de sujets âgés de plus de 65 ans dans des pays européens (comparaison 1990-2005).

Globalement dans le monde, chaque année, près de 10 millions de cancers sont diagnostiqués ; six millions de personnes meurent du cancer. La répartition du cancer dans le monde est hétérogène. Elle est seulement partiellement liée à l’espérance de vie. Les gens utilisent à tort le vieillissement comme déterminant du cancer. En fait, le tabagisme est le facteur le plus déterminant. Les autres facteurs importants sont le régime alimentaire, l’alcool et le manque d’activité physique.

En Italie, on diagnostique chaque année 270 000 nouveaux cas de cancer ; 57 % d’entre eux concernent les personnes âgées. La prévalence est de 1,5 millions de cas. Cela a un impact sur la santé publique.

Les différences de répartition des cas sont une base pour tenter de comprendre les déterminants du cancer. La géographie est l’un des principaux éléments. Il existe de grandes différences de fréquence des cancers dans le monde, qui ne peuvent pas être uniquement expliquées par la répartition des âges. Ces différences, par exemple, sont plus prononcées chez les femmes.

Pourquoi le cancer est-il plus répandu parmi les personnes âgées ? Une explication simple est que plus longtemps on vit, plus on a de risque d’avoir un cancer. Pour quelles raisons ? Depuis le début des années 1980, les scientifiques ont tenté de réaliser des estimations quantitatives des facteurs de risque. On pensait que le tabagisme était responsable d’un tiers des cancers guéris jusqu’à l’époque de 1975. Les autres facteurs étaient le régime alimentaire, le mode de vie, la profession et l’hygiène sexuelle. À présent, on pense que les infections sont responsables d’au moins 15 % de tous les cancers. Le nombre des publications à propos du cancer chez les personnes âgées a énormément augmenté : de 50 publications par an dans les années 1990 à 150 par an à présent (Figure 2).

thumbnail Figure 2.

Nombre d’articles publiés dans des revues internationales médicales sur le cancer du sujet âgé.

Quelles sont les formes les plus fréquentes de cancer chez les personnes âgées ? Dans l’Union européenne, les cancers les plus fréquents chez les hommes sont ceux de la prostate, du poumon et du côlon. Chez les femmes, ce sont les cancers du sein, de l’ovaire et du poumon. À présent, le cancer du poumon est plus fréquent que celui du sein dans plusieurs pays, dont les États-Unis.

Pendant longtemps, on a pensé que l’âge était une cause de cancer. Cependant, il existe d’énormes différences entre les pays. Le vieillissement humain se produit partout, mais d’un point de vue épidémiologique, les variations sont énormes. Le risque de contracter un cancer est 100 fois plus élevé quand vous êtes âgé. Cependant, ce risque varie selon les pays.

Tous les types de cancers n’ont pas un « facteur âge » clair dans leur répartition. Le cancer du sein en est un exemple flagrant. La maladie de Hodgkin est plus fréquente dans les pays occidentaux et dépend beaucoup de l’exposition de l’individu à divers agents au cours des premières années de sa vie.

Le cancer du poumon est facile à étudier car il est très répandu. Les gens commencent à fumer à différents moments de leur vie. Quand les risques ont été avérés dans les pays occidentaux, le taux de tabagisme a décru. L’industrie du tabac exporte à présent vers les pays en développement où les risques ne sont pas aussi largement compris. Les femmes américaines commencent à fumer tôt, ce qui se reflète chez elles dans la fréquence actuelle élevée de cancer du poumon.

Le vieillissement ne doit pas être considéré comme un cancer en soi. Il doit être vu comme un critère de substitution. Il est important de prendre en compte ce que font les personnes quand elles vieillissent, quelle est leur exposition à certains risques.

On pensait que le vieillissement avait des implications sur l’immunosuppression et que cela augmentait le risque de cancer. Cela n’est pas visible dans les études sur les receveurs de greffes et les patients infectés par le VIH. Nous avons réalisé un travail dans lequel nous avons comparé le risque de cancer parmi les patients infectés par le VIH et les receveurs de greffe. Le déficit du système immunitaire chez ces sujets n’est pas superposable à celui des personnes âgées, cependant l’analyse des résultats peut être éclairante. Les cancers du sein, du poumon et de l’estomac sont les plus courants dans la population générale. Cependant, le risque de ces cancers parmi les receveurs de greffe est très faible. Le risque de tumeurs n’est pas élevé. Il existe plutôt une augmentation du risque des cancers liés aux virus. Ceci pose une autre question à propos de la relation entre la déficience immunitaire et le cancer. Il est plus proche du problème du vieillissement. Plus longtemps on vit, plus la probabilité de mourir augmente ! Dans le monde, 12 % des décès sont imputables au cancer. En Europe, ce chiffre est de 25 %. Le cancer est la deuxième cause la plus importante de décès après les maladies cardiovasculaires. Avec l’âge, le risque de toutes les maladies augmente : maladies infectieuses, cardiovasculaires et cancer. Le vieillissement et le cancer n’ont pas une relation unique.

Partout dans le monde, la mortalité liée au cancer a diminué chez les personnes âgées depuis la fin du siècle dernier. Cela contraste avec les taux d’incidence qui sont en augmentation. Une des raisons de l’augmentation des taux d’incidence est le dépistage, en particulier le dépistage du cancer de la prostate. Il existe des études intéressantes sur la survie au cancer parmi les personnes âgées. La survie est fortement liée aux facteurs économiques. Il n’y a pas de relation entre la survie et le nombre de médecins généralistes dans un pays particulier. Ce qui semble être important est la somme d’argent qu’un pays dépense pour son système de santé.

Le vieillissement est seulement un critère de substitution pour le risque de cancer. Chez les personnes âgées, le cancer peut être évité. Les campagnes anti-tabac destinées aux personnes âgées sont importantes. Arrêter de fumer à tout âge aide à prévenir le cancer ou figer le risque. Il existe certaines preuves suggérant qu’une consommation modérée d’alcool chez les hommes de plus de 65 ans peut contribuer à réduire le risque de maladie cardiovasculaire. Le régime alimentaire et l’exercice physique ont un impact significatif.

En conclusion

Le cancer est lié, mais pas causé par le vieillissement. Le vieillissement ne provoque pas le cancer. Il est associé au cancer et constitue peut-être une condition nécessaire pour plusieurs types de cancers. La plupart des cancers peuvent être évités ou retardés. Reste une question : jusqu’à quel âge le cancer peut-il être évité ?

Liste des figures

thumbnail Figure 1.

Proportion de sujets âgés de plus de 65 ans dans des pays européens (comparaison 1990-2005).

Dans le texte
thumbnail Figure 2.

Nombre d’articles publiés dans des revues internationales médicales sur le cancer du sujet âgé.

Dans le texte

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