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Issue
Med Sci (Paris)
Volume 18, Number 2, Février 2002
Page(s) 226 - 227
Section Repères : Faits et Chiffres
DOI https://doi.org/10.1051/medsci/2002182226
Published online 15 February 2002

Le baby-boom – phénomène démographique majeur du XXe siècle - s’est traduit, en France, par une brusque augmentation de l’indice conjoncturel de fécondité (voir glossaire) entre 1945 et 1947 (Figure 1) qui n’a amorcé sa décroissance qu’en 1964, à l’instar de nombreux autres pays industrialisés, pour ensuite se stabiliser à partir de 1975 (autour de 1,8 enfants/femme). Les différentes générations de naissance des mères du XXe siècle ont vécu différemment le baby-boom. Alors que les femmes nées en 1900 (trop tôt) et en 1950 (trop tard) n’ont pas été concernées par ce phénomène, les femmes nées en 1930 ont été les principales actrices du baby-boom et, de fait, les plus fécondes du siècle. Elles ont eu plus de 2,6 enfants en moyenne, soit 0,5 de plus que celles nées en 1900 ou 1950 (Figure 1).

thumbnail Figure 1.

Indice conjoncturel de fécondité et descendance finale des générations (décalées de 28 ans). Source : Insee, état civil.

La descendance finale (voir glossaire) des générations suivantes (femmes nées entre 1950 et 1960) s’est stabilisée aux environs de 2,1 enfants avec une baisse de la fécondité avant l’âge de 25 ans, compensée par des maternités plus tardives. Cette compensation pourrait, pour les dernières générations du siècle, ne pas être totale, entraînant pour les femmes nées après 1970 une diminution de la descendance finale (autour de 2 enfants).

Les femmes nées entre 1940 et 1945 détiennent le second record du siècle : ce sont les mères les plus précoces. Elles ont eu leurs enfants à 26,1 ans contre 28,4 pour les femmes nées en 1920 (Figure 2). En même temps que les naissances avaient tendance à se rapprocher (5 ans d’écart entre le premier et le dernier enfant contre 7 ans pour les femmes nées en 1920), on notait une raréfaction des familles nombreuses. Cette précocité à la maternité va se réinverser pour les femmes nées après 1945 et pourrait aboutir pour les femmes nées en 1970 à un âge de 27 ans pour le premier enfant et à un âge moyen de 30 ans à la maternité.

thumbnail Figure 2.

Âge moyen des mères à la naissance de leurs enfants, selon la génération de naissance des mères. Source: Insee, enquêtes famille 1982, 1990 et 1999.

Les descendances ont des compositions très différentes si l’on compare les femmes nées en 1900, 1930 et 1950. Parmi celles nées en 1900, 23 % n’ont pas eu d’enfant, un peu plus de 50 % en ont eu deux ou trois, 8 % en ont eu quatre et 10 % cinq ou davantage (Figure 3). En revanche, les femmes nées en 1930 ont mis au monde davantage d’enfants pour tous les rangs de naissance (voir glossaire) et la proportion de femmes ayant eu au moins un enfant n’avait jusque-là jamais été aussi élevée. Ce chiffre a encore augmenté pour les femmes nées en 1950 (90 % d’entre elles ont eu au moins un enfant et 70 % au moins deux).

thumbnail Figure 3.

Répartition des femmes selon le nombre final d’enfants. Source : Insee, état civil, enquêtes famille 1982, 1990 et 1999, recensement de 1946 et projections.

Par ailleurs, la fin du baby-boom se traduit par une distribution différente de la taille des familles et l’on se dirige vers un modèle à 2 enfants. Sur dix femmes nées en 1950, quatre ont eu 2 enfants, deux, un seul, deux en ont eu 3, une en a eu 4, et une seule n’a pas eu d’enfants (Figure 3). La maîtrise de la fécondité et la volonté de limiter le nombre d’enfants ont diminué de moitié les familles très nombreuses. De manière concomitante, l’augmentation du nombre des mariages précoces, la généralisation des emplois salariés et la médicalisation des grossesses et des accouchements ont permis à neuf femmes sur dix d’être mères, ce qui représente un chiffre tout à fait considérable et, avec la généralisation du modèle de familles à 2 enfants, un des enseignements de cette analyse.

Glossaire

Descendance finale d’une génération : Nombre moyen d’enfants mis au monde par les femmes nées au cours d’une année donnée et ayant au moins survécu jusqu’à l’âge de 50 ans.

Indice conjoncturel de fécondité : Somme des taux de fécondité par âge observés une année donnée. Depuis 25 ans, cet indice est inférieur à 2,1 enfants par femme.

Rang de naissance : Numéro d’ordre des enfants d’une femme.


Source : Toulemon L. Combien d’enfants, combien de frères et sœurs depuis cent ans. Population et Sociétés, n°374, décembre 2001.

Références

  1. Lévy ML. Le calendrier de la fécondité. Population et Sociétés 1990; n° 249. [Google Scholar]
  2. Beaumel C, Doisneau L, Vatan M. La situation démographique en 1998. Insee résultats n° 738-739. Démographie Société 2001; n°80–81. [Google Scholar]
  3. Cassan F, Héran F, Toulemon L. L’étude de l’histoire familiale : l’édition 1999 de l’enquête Famille. Courrier des Statistiques 2000; n° 93 : 25–37. [Google Scholar]
  4. Toulemon L, Mazuy M. Les naissances sont retardées mais la fécondité est stable. Population 2001; 4 : 611–44. [Google Scholar]

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Liste des figures

thumbnail Figure 1.

Indice conjoncturel de fécondité et descendance finale des générations (décalées de 28 ans). Source : Insee, état civil.

Dans le texte
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Âge moyen des mères à la naissance de leurs enfants, selon la génération de naissance des mères. Source: Insee, enquêtes famille 1982, 1990 et 1999.

Dans le texte
thumbnail Figure 3.

Répartition des femmes selon le nombre final d’enfants. Source : Insee, état civil, enquêtes famille 1982, 1990 et 1999, recensement de 1946 et projections.

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