Émergence des levures de type Candida sous antibiotiques

Impact clinique

Candidiasis emerging species under antibiotic treatment

Clinical impact

¹ Faculté de Médecine Paris Descartes, Service des Maladies Infectieuses et Tropicales, Hôpital Necker Enfants Malades, Centre d'Infectiologie Necker-Pasteur, 149, rue de Sèvres, 75743 Paris Cedex 15, France.
² Faculté de MédecineParis Descartes, Service de Microbiologie, Hôpital Necker Enfants Malades, Centre d'Infectiologie Necker-Pasteur, 149, rue de Sèvres, 75743 Paris Cedex 15.
³ Centre National de Référence Mycologie et Antifongiques, Unité de Mycologie Moléculaire,CNRS URA 3012, Institut Pasteur, Paris, France.

^* olivier.lortholary@nck.aphp.fr

Résumé

Candida sp. est le premier agent en cause dans les infections fongiques invasives. La prévalence des candidémies est en augmentation, représentant près de 0,3 ‰ des admissions hospitalières en Europe, ce qui est important pour une pathologie dont la mortalité à 30 jours avoisine les 40 %. Cette émergence est en lien avec une augmentation des situations à risque dont fait partie l'utilisation étendue des antibiotiques. Nous avons cherché au travers d'une revue de la littérature à préciser ce lien entre antibiothérapie et Candida. Les antibiotiques, en détruisant une partie de la flore commensale bactérienne (à prédominance anaérobie au niveau digestif), permettent aux Candida, qui font partie de la flore, d'adhérer à la muqueuse et de se développer. L'augmentation du nombre de sites colonisés et de la charge fongique favorise ensuite l'infection. Enfin, la colonisation et l'infection à Candida sont d'autant plus fréquentes que la durée et le nombre d'antibiotiques prescrits sont importants. Les antibiotiques présentant un large spectre ou une activité sur la flore commensale comme les β-lactamines associées à un inhibiteur des β-lactamases ainsi que les céphalosporines de 3^e génération à bonne diffusion digestive, les fluoroquinolones les plus récentes ou l'ertapénème, mais aussi lavancomycine, sont particulièrement pourvoyeurs de candidoses. En revanche, les antibiotiques peu actifs sur les bactéries de la flore qui ont u n e activité inhibitrice vis-à-vis des Candida, ou à mauvaise diffusion digestive, comme la roxithromycine, le linézolide, le céfépime ou l'aztréonam sont peu pourvoyeurs de candidose invasive.

Abstract

Candida sp. is the most prévalent fungal pathogen implicated in invasive mycoses. The incidence of such infections, mostly of nosocomial origin, depends on the type of hospitals investigated with approximately 0,3 per thousand admissions in Europe and a 40 % mortality rate at day 30. Among the classical risk factors of invasive candidiasis, antibacterial therapy plays a key role. In the present paper, we will review the influence of antibiotics on the occurrence of Candida colonization and invasive candidiasis in expérimental animais and in humans. Antibacterials kill part of the commensal flora, mostly an aerobes and thus enable intestinal yeasts such as Candida sp. to proliferate, adhere to the mucosal surface and spread into the blood. Colonization has been shown to be related to the number of antibacterials administered and their duration of prescription. In addition, the magnitude of mucosal colonization has been correlated with the subsequent occurrence of invasive candidiasis. Among different antibacterial drugs, those with a broad spectrum or impacting commensal flora such as β-lactams with β-lactams inhibitors and 3^rd generation cephalosporins with a marked digestive diffusion, recent fluoroquinolones or ertapenem and vancomycin are associated with an increased rate of yeast colonisation compared to other drugs. Other drugs such as roxithromycin, linezolid, cefepimeoraztreonam which exhibit a reduced impact on intestinal flora are less responsible for the occurrence of Candida colonization. The choice of antibacterials in the clinics, its duration of prescription as well as the number of drugs prescribed influence the occurrence of Candida colonization and invasive candidiasis.