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Med Sci (Paris)
Volume 40, Number 1, Janvier 2024
La cavité orale et les dents au cœur de la santé
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Page(s) | 7 - 8 | |
Section | Editorial | |
DOI | https://doi.org/10.1051/medsci/2023187 | |
Published online | 01 February 2024 |
médecine/sciences : « un rêve », une réalité et un avenir
médecine/sciences : “a dream”, a reality and a future
Inserm U1111-CNRS UMR5308 CIRI (International Center for Infectiology Research) université, Claude Bernard Lyon 1 ENS Lyon, Lyon, France
Je dédie cet éditorial à la mémoire de Suzy Mouchet, figure tutélaire de m/s depuis sa création, ainsi qu’à toutes les femmes qui ont contribué au succès de cette magnifique revue.
Dans son éditorial de 2005, Axel Kahn, l’un des fondateurs de la revue, qui a travaillé avec toute la passion, l’intelligence et l’acuité d’esprit qui le caractérisaient, en tant que rédacteur en chef pendant 11 ans (1986-1997), parle de la création de m/s comme d’un «rêve scientifique, culturel et francophone» [1] (→).
(→) Voir l’Éditorial d’A. Kahn, m/s n° 3, mars 2005, page 227
Rêve scientifique, sans aucun doute, car la revue a pour objectif principal de diffuser les dernières avancées de la recherche biologique et médicale; rêve francophone, évidemment, en raison du choix, assumé et revendiqué, de dire la science en langue française; mais rêve culturel aussi, car m/s s’efforce non seulement de transmettre l’actualité scientifique publiée dans les grandes revues anglophones, mais aussi de mettre en lumière le travail des scientifiques francophones, d’exprimer des opinions critiques et de créer des ponts entre différentes disciplines.
Depuis sa création officielle en 1985, le paysage des publications en biologie et médecine a profondément évolué, marqué par la prolifération des journaux et l’accès en ligne [2]. Cette évolution s’accompagne des récents bouleversements introduits par la mise en application de la politique de la science ouverte permettant un accès gratuit à un grand nombre d’articles, de la diversification des supports de diffusion de l’information scientifique, tels que la vidéo, les podcasts et d’autres formats numériques et, enfin, de l’avènement de l’intelligence artificielle. Dans ce contexte se pose la question de la place de m/s: la revue conserve-t-elle sa pertinence et avons-nous encore le désir et le temps de la lire?
On pourrait rapidement répondre par l’affirmative, étant donné la remarquable capacité de la revue à mobiliser des auteurs, même sans avantage bibliométrique évident, à recruter des membres qualifiés, et même prestigieux, dans son comité éditorial, et devant le constat de l’augmentation constante du nombre de téléchargements, qui est actuellement d’environ cinqmillions par an. Cela dit, examinons plus en profondeur les raisons du succès de m/s.
Tout d’abord, en se positionnant à l’interface entre des revues spécialisées anglophones et des magazines scientifiques destinés au grand public, m/s constitue un outil unique de diffusion de l’information scientifique auprès d’un lectorat possédant des bases solides en biologie et en médecine et composé essentiellement d’étudiants en sciences, en médecine, de chercheurs, de médecins et d’enseignants. Bien que la communication scientifique en français puisse sembler obsolète à l’échelle internationale, elle demeure essentielle pour rendre l’information scientifique accessible à un large public, y compris les étudiants désireux de se familiariser rapidement avec des domaines en dehors de leur spécialité. En outre, rédiger et lire la science en français contribuent au maintien et à l’enrichissement du vocabulaire scientifique, évitant ainsi le recours excessif aux anglicismes.
Deuxièmement, depuis ses débuts, m/s a fait le choix de l’ouverture en intégrant les sciences humaines, l’histoire et la philosophie des sciences, ainsi qu’en proposant des rubriques d’actualité scientifique. Les chroniques régulières, comme les Chroniques génomiques de Bertrand Jordan, offrent un contenu très apprécié en raison de sa clarté, sa concision et son intérêt. De plus, les rubriques Repères ou Forums de m/s laissent la place à des opinions et des analyses critiques sur les questions d’actualité liées à la recherche et à la médecine.
Enfin, m/s a su tisser des liens auprès des étudiants, futurs chercheurs, médecins ou enseignants, en tant que source d’information et outil de formation, grâce en particulier à la rubrique Nos jeunes pousses ont du talent, crée par Laure Coulombel et coordonnée actuellement par Sophie Sibéril.
Communiquer la science en français, ouvrir le champ de réflexion, aider à la formation, voilà donc les trois piliers sur lesquels repose l’exception m/s. Grâce à l’engagement de son équipe de rédaction, de son comité éditorial et de ses fidèles auteurs, m/s va au-delà du simple statut de revue d’information pour devenir un bien commun aux chercheurs, aux médecins et aux étudiants francophones.
L’année 2024 se présente comme une année charnière pour m/s. Tout d’abord, en raison du changement au poste de rédacteur en chef, dont j’ai l’honneur d’assumer la responsabilité à la suite de Jean-Luc Teillaud. À la fin de l’année, Thierry Jouault, qui occupe le poste de rédacteur en chef adjoint depuis de nombreuses années, quittera également son poste, et un(e) remplaçant(e) devra être formé(e) et recruté(e). Outre ces changements majeurs, m/s doit relever le défi posé par l’application du libre accès qui, aussi important soit-il pour la diffusion de l’information scientifique, fragilise l’équilibre financier de la revue en raison de la réduction inéluctable des abonnements, notamment au format papier [3] (→).
(→) Voir l’Éditorial de J.-L. Teillaud, m/s n° 1, janvier 2023, page 7
Dans une période caractérisée par une multiplication exponentielle des canaux de communication et par des interprétations souvent hâtives, voire erronées, des actualités scientifiques et médicales, le défi principal pour m/s consistera à accroître sa visibilité tout en maintenant sa rigueur, son sens critique et en préservant son équilibre financier.
Pour ce faire, il est essentiel d’étendre davantage la visibilité et la diffusion de m/s parmi les étudiants. Le programme Jeunes pousses sera élargi aux étudiants en médecine, notamment à ceux admis aux écoles de l’Inserm, ainsi qu’aux étudiants en Master d’écologie de la santé, en France et à l’étranger. De plus, les étudiants seront davantage impliqués dans la création de contenus de communication scientifique, tels que des vidéos courtes, une initiative déjà amorcée avec quelques étudiants en Master. Ils auront également l’opportunité de contribuer à la rédaction d’éditoriaux sur des questions d’actualité scientifique ou médicale de leur choix.
En ce qui concerne le contenu de la revue, de nouvelles rubriques seront développées, dont Les mots de la science, qui se penchera sur des termes clés, avec des explications courtes, précises et didactiques. Par ailleurs, seront proposés des articles apportant un éclairage novateur sur l’histoire des sciences et de la médecine, ainsi que des portraits de scientifiques contemporains, à l’instar des portraits filmés de femmes scientifiques réalisés par Hélène Gilgenkrantz.
Enfin, il est essentiel d’explorer des thèmes liés à l’environnement et à l’écologie de la santé. En plus d’informer le public de m/s sur l’impact des changements environnementaux sur la santé humaine et animale, cette démarche entend contribuer à la réflexion sur la redéfinition de la relation entre êtres humains, végétaux, animaux et microbes. En somme, il s’agit de replacer l’ensemble du vivant au cœur de la biologie et de la médecine. Un défi que m/s s’efforcera de relever grâce à des partenariats avec des centres de recherches et des chercheurs ou médecins engagés dans cette démarche.
m/s s’apprête à célébrer ses 40 ans. «La force de l’âge», diraient certains. Au cours de ces quatre décennies, en dépit de la concurrence et des profonds changements dans le paysage des publications scientifiques, sa qualité éditoriale et son attrait n’ont pas faibli. La revue jouit toujours d’une grande estime parmi de nombreux chercheurs et médecins, tant en France qu’à l’étranger, grâce au soutien de l’Inserm, à l’engagement des rédacteurs en chef qui se sont succédé depuis sa création en 1985, et au travail remarquable des membres de ses comités de rédaction et éditorial. Forte de ces acquis et de son expérience, m/s poursuivra sa mission pour réaliser «le rêve scientifique, culturel et francophone» cher à Axel Kahn et à tous ceux qui ont fait de cette revue la leur.
médecine/sciences: “a dream”, a reality and a future.
Liens d’intérêt
L’auteure déclare n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.
Références
- Kahn A. Il y a vingt ans, un rêve scientifique, culturel et francophone. Med Sci (Paris) 2005; 21: 227–8. [CrossRef] [EDP Sciences] [PubMed] [Google Scholar]
- Bornmann L, Haunschild R, Mutz, R. Growth rates of modern science: a latent piecewise growth curve approach to model publication numbers from established and new literature databases. Humanit Soc Sci Commun 2021; 8h1–15. [Google Scholar]
- Teillaud JL. Le difficile art de la publication scientifique et médicale. Med Sci (Paris) 2023; 39: 7–8. [CrossRef] [EDP Sciences] [PubMed] [Google Scholar]
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