Neurones-glies : 1-1 (brèves ; 30/09/2013)

Neurones-glies : 1-1 © Inserm - Lionel Simonneau

Certains chiffres ont (erronément) la vie dure. Ainsi en va-t-il du nombre de neurones dans le cerveau humain (quelques 100 milliards) ou du rapport glies/neurones 10/1. Lors du dernier congrès de l’Euroglia à Berlin, Suzana Herculano-Houzel a remis les pendules à l’heure [1-3]. Son questionnement scientifique peut paraître très éloigné d’une utilité sociétale quelconque (dégager des règles concernant l’évolution de la taille du cerveau et du nombre de cellules dans la lignée des mammifères), mais il en va de ce cadre quantitatif comme des travaux basiques structuraux (histologiques ou neuroanatomiques) : ils sont une pierre angulaire de l’interprétation des recherches neuroscientifiques. Le take home message principal concerne le rapport glies/neurones du cerveau humain, plus proche de 1/1 que de 10/1. Un vieux mythe s’est effondré. Le corollaire intéressant d’un point de vue évolutif est que le rapport glies/neurones semble être une fonction linéaire de la densité neuronale (en nombre de neurones par gramme) : plus cette densité augmente, plus le rapport diminue. Dans le même ordre d’idées, le nombre de cellules gliales (plutôt non neuronales) augmente de façon linéaire avec la masse totale. Ces résultats sont indépendants de la structure cérébrale étudiée, et même de l’espèce de mammifère étudiée. Le modèle est en tout cas validé pour l’humain, dans la mesure où le comptage cellulaire semi-automatisé après dissociation est corrélé à une analyse microscopique plus classique. Une dernière constante évolutive, commune à toutes les structures cérébrales au-delà des espèces, est la corrélation positive entre le métabolisme du glucose et le nombre absolu de neurones par cerveau : en d’autres termes, on peut se permettre beaucoup de neurones si on a un métabolisme cérébral élevé (ou l’inverse…). En conclusion (temporaire) : nous n’avons finalement pas plus de glies que de neurones, mais c’est peut-être la qualité plus que le nombre qui fait la différence [4].

Jean-Michel Rigo
Biomed Research Institute, Hasselt University, Belgique
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Références

  1. Fonseca-Azevedo K, et al. Proc Natl Acad Sci USA 2012 ; 109 : 18571-6.
  2. Herculano-Houzel S. Proc Natl Acad Sci USA 2012 ; 109 (suppl 1) : 10661-8.
  3. Ventura-Antunes L, et al. Front Neuroanat 2013 ; 7 : 3.
  4. Rigo JM. Med Sci (Paris) 2013 ; 29 : 486.