Faire des pieds et des mains : le syndrome de Liebenberg (brèves ; 17/01/2013)

Décrit pour la première fois en Afrique du Sud il y a quelques décennies [1], le syndrome de Liebenberg (MIM 186550) de transmission autosomique dominante se caractérise essentiellement par une malformation des membres supérieurs. Les anomalies des articulations sont caractéristiques : au coude, déformation de l’olécrane, limitation de la pronation et de la supination ; au poignet, fusion du pisiforme avec le trapézoïde, celui-ci étant élargi ainsi que le trapèze et le trapézoïde. Les doigts sont courts avec camptodactylie du cinquième. Quelques autres cas ont été décrits par la suite mais on ignorait jusqu’à présent le gène impliqué dans ce syndrome au demeurant cliniquement bien identifiable. Une étude récente, rassemblant trois familles, vient non seulement de trouver le gène en cause, mais d’expliquer pourquoi ce gène, intact, modifie le développement des membres supérieurs [2]. L’analyse génomique a montré une délétion sur le bras long du chromosome 5 dans deux familles et une translocation 5:18 dans la troisième (avec une délétion). Ce changement de structure a entraîné une modification de la régulation du facteur de transcription PITX1 qui est normalement impliqué uniquement dans la croissance des membres inférieurs [2]. En effet, trois éléments enhancers (un sur le chromosome 5, et deux sur le chromosome 18 impliqué dans la translocation 5:18) - dont deux sont actifs à la fois dans la formation des membres supérieures et inférieurs – sont relocalisés en 5’ au voisinage des régions régulatrices de PITX1, l’expression de ce dernier est modifiée, et il intervient alors dans le développement des membres supérieurs. Pour démontrer la validité de leur interprétation dans cette maladie humaine, les auteurs ont réussi a obtenir une souris transgénique exprimant une copie de cette même modification génomique (hs1473-Pitx1) : elle présente les mêmes malformations aux membres supérieurs que dans le syndrome de Liebenberg qui tend à transformer les membres supérieurs en membres inférieurs. Une anomalie analogue avait déjà été décrite par reprogrammation du processus de développement des pattes antérieures chez la souris et des ébauches des ailes chez le poulet, et elle impliquait également le gène Pitx1 ou le promoteur d’un gène homéotique Prx1 [3].
Simone Gilgenkrantz
médecine/sciences
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Références
- Liebenberg, F. S Afr Med J 1973 ; 47: 745-7.
- Spielmann M, et al. Am J Hum Genet 2012 ; 91 : 629-35.
- Duboc V, Logan MP. Dev Dyn 2011 ; 240 : 1017-27.